Doit-on tout dire à ses enfants ? Et si taire son passé, c'était risquer de le voir resurgir et nous sauter au visage ? Aujourd'hui, une femme se livre à vous. Elle est prof de maths, ancienne escort et mère d'un ado en crise. Elle ne se cherche pas d'excuses, elle dit les choses comme elles sont. Car seule la vérité peut la sauver.
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J’aurais pu tenir un journal. Le remplir scrupuleusement, jour après jour et au long des années, en espérant qu’il en jaillisse un peu de lumière. J’aurais aussi pu me faire aider. Avoir un rendez-vous hebdomadaire, peut-être deux, trouver le fric pour régler mes séances et entretenir une relation de confiance avec quelqu’un de compétent. Mais je craignais à l’avance ce que m’aurait dit cette personne : « Les secrets sont des tumeurs. S’ils ne sont pas traités, ils grossissent, grossissent, jusqu’à devenir incontrôlables. Vous devez parler à votre fils. » C’est si facile quand on n’est pas concerné. Quand on distribue ses conseils tarifés, le cul bien au chaud entre les capitons d’un fauteuil de thérapeute. Je ne peux pas expliquer à mon fils de 15 ans que je suis venue à la prostitution par la domination, que j’y suis restée, que je m’en suis éloignée, que j’y suis revenue, par phases, au gré des passages à vide. C’est trop violent.
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